Marcher et dormir sur un édifice millénaire : une expérience totale aux dérives faciles.
Cet article pratique t’aide à préparer ton aventure (trek, bivouac) sur les sections sauvages (dites aussi « non-restaurées », « non-touristiques » ou « abandonnées ») de la Grande Muraille de Chine et vise à sensibiliser à la préservation de cet édifice à la valeur universelle exceptionnelle.
Avant d’entreprendre cette expérience, sache que la nature a repris ses droits sur ces parties non-touristiques : le passage n’y est pas toujours facile, les pierres millénaires portent les marques du temps et si les murs ne se sont pas encore effondrés, ils menacent parfois de le faire. Ces sections ne sont pas interdites d’accès mais déconseillées pour des raisons évidentes de sécurité. Comme nous le recommandons dans le récit d’aventures dédié, ne t’y rend pas si tu as le vertige, si tu n’es pas bien équipé, si tu es peu sportif, si tu n’es pas du tout serein.e en escalade. En revanche, vas-y si tu souhaites vivre une expérience incroyable, si tu souhaites expérimenter la partie la plus sauvage d’un édifice légendaire, si tu veux taquiner les sommets et voir des paysages à tomber, dans tous les sens que cela peut exprimer.
Seulement… Ne le fais pas n’importe comment. Par le biais des réseaux sociaux, des dérives ont déjà été observées (pollution, dégradation, accidents) : pour ta sécurité et afin de ne pas avoir d’impact négatif sur ce patrimoine exceptionnel, il appartient à chacun d’adopter les bonnes attitudes.
Ce que tu trouveras dans cet article :
→ Tous les aspects pratiques pour découvrir les parties non-restaurées de la Grande Muraille de Chine (organisation, équipement, temps à prévoir, budget, vivres, etc.) sous forme de questions/réponses.
→ La liste des bonnes pratiques à respecter, particulièrement si tu envisages un bivouac.
→ Sections « sauvages », « non-restaurées », « originelles »… = sections interdites ?
Comme déjà évoqué en introduction, la présence de visiteurs sur ces sections est tolérée. L’accès est déconseillé pour des raisons de sécurité mais pas interdit, sous condition de respecter certains comportements. Cependant, étant donné que de plus en plus de monde tend à s’aventurer sur ces tronçons, chose que le gouvernement chinois n’avait pas anticipé, certains sont amenés à le devenir : dans ce cas, des panneaux signaleront l’interdiction sur place, tout comme ceux qui interdisent d’y faire un feu ou d’y laisser des déchets.
→ Bivouac sur la Grande Muraille, dans quelle mesure est-ce autorisé ?
Tu as la possibilité de camper sur les parties sauvages de la Grande Muraille de Chine sous réserve que cette pratique reste occasionnelle. Tout comme notre présence, le bivouac est toléré sur ces parties (du moins il l’est encore en ce début d’année 2020, au moment où nous écrivons cet article). Pour cela certaines règles simples sont à respecter, elles rejoignent celles des Parcs Nationaux :
- Ne pas démettre de pierres
- Ne laisser aucune trace de son passage (emporter de quoi stocker ses déchets)
- Établir le camp tard et le lever tôt notamment pour éviter la pollution visuelle
- Ne pas camper sur des parties visiblement plus fragiles au risque de les endommager davantage (ainsi que pour ta propre sécurité)
- La zone de bivouac ne doit pas gêner le passage d’autres visiteurs
Petite précision : faire un bivouac est toléré sur les parties sauvages non-restaurées de la Grande Muraille de Chine mais reste interdit sur les portions ouvertes au tourisme. Peu importe que les règles décrites ci-dessus soient respectées ou pas, camper sur ces sections dont l’accès est réglementé est formellement interdit et la police chinoise ne fait pas dans le détail : tu risques d’avoir une très mauvaise surprise dans la nuit ou au réveil. Par ailleurs, ces sections bénéficient toutes d’une surveillance souvent même 24h/24.
→ Ces sections sont-elles vraiment difficiles / dangereuses ? Quelles précautions dois-je prendre ?
Le degré de difficulté et de dangerosité varie en fonction des parties ou « sections » de la Grande Muraille (et de ta condition physique). Nos 2 premiers jours ne comprenaient que 8km et étaient réalisables en une journée avec peu « d’obstacles » tandis que les 2 suivants étaient bien plus longs et périlleux. Dans tous les cas évite d’y aller si :
- Tu as le vertige
- Tu n’es pas bien équipé (équipement nécessaire détaillé plus bas)
- Tu es peu sportif
- Tu n’es pas du tout serein.e en escalade (selon les sections)
- Tu n’as pas l’habitude des longues randonnées (selon les sections)
Nous te déconseillons de le faire avec des enfants car le risque de chute est permanente. Même lorsque le sol est plat, il n’y a souvent aucun rempart pour délimiter le mur et séparer du vide. Aussi, évite si c’est possible de le faire seul au moins pour les sections les plus dangereuses. Le cas échéant, n’oublie pas de toujours prévenir quelqu’un de : 1. Où tu es / 2. Ce que tu t’apprêtes à faire et / 3. Quand est-ce que tu estimes rentrer.
L’application MapsMe est un système de GPS, cartes et itinéraires hors ligne très utile pour trouver les points d’entrée de certaines sections et estimer sinon le temps, au moins la distance que tu auras à parcourir. Nous l’avons utilisée dans tous les pays que nous avons parcouru pendant notre voyage de 13 mois.
→ De quel équipement ai-je besoin ?
- Un sac à dos équipé de sangles de maintien au niveau de la taille et de la poitrine. Il est important que tu puisses bien centrer, stabiliser et fermement sangler ton sac-à-dos : dans le cas contraire, sont poids pourrait te déséquilibrer lors des passages où il est nécessaire d’escalader. Nous avions sur notre dos nos uniques sacs de voyage : les Trek 900 en 60L de chez Forclaz. Soit largement de quoi répartir nos provisions, nos affaires et le matériel de bivouac tout en nous garantissant confort et maintien pendant plusieurs jours de trek. Pour des sections plus petites ou à la journée, une capacité de 30l peut largement être suffisante.
- Des chaussures de randonnée avec une bonne accroche. Dans notre cas les Merrell Out Blaze 2.
- Des encas consistants (pour 1, 2 ou 3 jours selon la section que tu as choisie).
- Des vêtements où tu seras à l’aise mais surtout résistants (en prévention de tous les endroits abruptes/très étroits où tu te frotteras contre les pierres ou la végétation)
- Pour les sections les plus dangereuses : de la corde d’escalade afin de s’encorder dans les passages périlleux (que nous n’avions pas, mais qui au vu de ce que nous avons escaladé et du poids de nos sacs était inconscient).
- Si tu prévois de bivouaquer : une tente, un matelas de trek, un oreiller gonflable, un duvet chaud (entre 5 et -5° en fonction de la saison). Concernant les duvets, nous avions le modèle plume 0° de chez Forclaz : léger, compact, le plus abordable de sa catégorie, chaud (stylé), bref, il est parfait !
- Une trousse de premier secours.
- De quoi te protéger du soleil selon la saison
- Un sac réutilisable pour ramener les déchets.
Et surtout : de quoi boire en quantité car aucun point d’eau n’est accessible depuis les sections. Pour en trouver ou en acheter, il te faudra quitter la muraille pour redescendre dans les villages. C’est pareil pour la nourriture.
→ Combien de temps dois-je prévoir ?
Beaucoup de sections de la Grande Muraille de Chine ne situent pas très loin de Pékin, certains s’organisent même pour faire un aller-retour dans la journée. Tu en trouveras beaucoup à moins de deux heures de la capitale.
Ensuite, le temps de marche varie en fonction du trek : cela peut aller de 3h à plusieurs jours selon l’itinéraire que tu auras choisi (prévoie la moitié d’une vie pour parcourir les 8.850km). Tu peux utiliser des applications GPS qui te fourniront au moins une distance indicative (nous parlions de Maps.me un peu plus haut). De manière générale, garde en tête que même si les distances ne sont pas forcément très longues la typographie du terrain peut énormément ralentir la progression.
→ Et côté budget ?
Le budget dépend bien-sûr de ce que tu as planifié : il est parfois nécessaire de prendre une nuit dans une auberge la veille ou de s’aventurer encore plus loin en bus pour explorer d’autres horizons. Mais en comptant un aller/retour en bus depuis Pékin, un peu de nourriture, de l’eau, une nuit en tente et une bière en fin de journée (une des moins chère de notre voyage) tu peux t’en sortir pour moins de 20€ / personne pour 2 jours puisque l’accès à ces parties sauvages n’est pas payant. Soit loin, très loin des prix affichés par certaines agences pour une excursion sur « les parties abandonnées de la Grande Muraille de Chine ». Cependant cette façon de faire demande à se débrouiller seul.
La IC card disponible à la station de bus de Pékin est vraiment le bon plan pour réduire le coût des transports, et en plus elle est gratuite !
→ Qu’avons-nous pensé des sections touristiques par rapport au sections sauvages ?
Notre ressenti vis-à-vis des sections touristiques est sûrement amplifié par l’expérience profondément solitaire et sauvage que nous avions vécue juste avant de visiter celles-ci. Pourtant la section touristique sur laquelle nous avions atterri après 3 jours de trek était celle de Mutianyu (il y a plein des sections touristiques différentes) et est réputée comme étant moins fréquentée et plus « sauvage » que les autres sections touristiques. Nous l’avions visitée en octobre 2018.
Sur cette section, nous avons trouvé les visiteurs (très) nombreux et le respect (environnemental comme humain) peu présent – référence aux gens qui viennent sans porter leur eau malgré la chaleur et les importants escaliers, achètent des bouteilles en plastique, pour ensuite les jeter sur ou par-dessus la muraille – . Nous avons rencontré pas mal de bouchons aux portes d’entrée et de sortie des tours de guet créés par les prises de photo ou ceux faisant admirer la vue en face time. De manière générale, nous avons eu du mal à nous déplacer sans faire la queue : dans les escaliers, les passages plus étroits, les tours de guet… Néanmoins il est important de le dire : les sections que nous avons parcourues étaient assez dangereuses et pas forcément accessibles à tout le monde, cette section touristique à le mérite d’être très belle et accessible.
Et voilà.
Tu es prêt.e pour l’aventure.
Nous espérons que cet article pratique va te permettre de mieux appréhender les sections sauvages non restaurées de la Grande Muraille de Chine. Merci de l’avoir parcouru et n’hésite pas à le partager si tu l’as trouvé utile. Tu peux nous poser tes questions en commentaire de cet article (ou nous dire simplement bonjour), nous répondons toujours.