Une aventure en autonomie totale sur une des plus dangereuses sections sauvages de la Grande Muraille de Chine.
On t’emmène avec nous pour un trek de 2 jours qui s’est révélé être un des plus beaux et dangereux de notre vie. Il dévoile une facette peu connue de celle qui depuis des milliers d’années court sur l’histoire et les sommets : la Grande Muraille de Chine et ses parties sauvages non restaurées.
N’y vas pas si tu as le vertige, si tu n’es pas équipés, si tu es peu sportif.ve, si tu n’es pas du tout serein.e en escalade. Vas-y si tu veux vivre une expérience incroyable, si tu souhaites expérimenter la partie la plus sauvage d’un édifice légendaire, si tu veux taquiner les sommets et voir des paysages à tomber, dans tous les sens que cela peut exprimer.
CE QUE TU TROUVERAS DANS CET ARTICLE
→ Le récit de notre trek de 2 jours en autonomie sur une des plus dangereuses sections sauvages de la Grande Muraille de Chine : ses difficultés, ses paysages renversants ainsi que notre nuit sur une des tours de guet.
→ Un lien vers notre article pratique « Conseils & bonnes pratiques pour explorer les sections sauvages » qui vise à t’aider à préparer ta propre aventure tout en sensibilisant à la préservation de cet édifice à la valeur universelle exceptionnelle.
Falaises à pic, pentes vertigineuses, escaliers qui défient la gravité… et pierres qui partent en poussière.
Après une expérience palpitante la veille où nous avions découvert pour la première fois les tronçons sauvages de la Grande Muraille de Chine, nous poursuivons l’exploration de cet édifice légendaire mais cette fois-si sur une nouvelle partie. Au programme de ces deux prochains jours : la conquête d’une section reconnue comme une des plus dangereuses de tout l’édifice. Cette portion part d’une vallée reculée et court sur environ 20 kms pour finir par rejoindre une section touristique. Falaises à pic, pentes vertigineuses, escaliers qui défient la gravité, pierres qui partent en poussière… Sur cette section, la Grande Muraille de Chine nargue les sommets tout comme ceux qui tentent de la défier : une beauté brute, sauvage… et redoutable. Nous avons prévu 2 jours de trek pour la parcourir ce qui induit une nuit de bivouac sur les remparts.
Le savais-tu ?
N’ayant pas vraiment fait ses preuves après les guerres, la Grande Muraille de Chine a été laissée à l’abandon par le pays même qui lui avait donné naissance. On a laissé la nature s’en emparer et ses pierres étaient même démises afin de servir à d’autres constructions. Ce n’est que lorsque le pays a compris l’attrait touristique qu’elle pouvait susciter qu’il a décidé d’en sauver certaines parties : aujourd’hui, ce sont ces beaux tronçons restaurés qui attirent chaque année des milliers de visiteurs et il est désormais interdit d’en retirer les pierres, même si dans les petits villages certains habitants continuent de le faire pour leur usage personnel.
JOUR 1. La Grande Muraille de Chine, ou parcours du combattant géant.
8H30 – Derniers pas sur le plat.
Nous finalisons nos derniers checks matériels depuis l’auberge dans laquelle nous avions trouvé refuge la veille (arrivés en fin de journée et pris dans une tempête, nous avions décidé de repousser notre bivouac sur la muraille). On engloutit une dernière banane, vérifie les réserves d’eau et jetons un œil par la fenêtre : au loin se dresse la silhouette impétueuse de celle que nous aurons à affronter, ruban de pierre comme posé sur les crêtes de la montagne. D’ici, on en devine les tours de guets saupoudrées sur les sommets.
2kms nous séparent de l’entrée de la section. Le trek commence dans les rues tranquilles du petit village dans lequel nous avons dormi puis nous nous engouffrons dans une forêt aux couleurs automnales. Derniers pas sur le plat. Les feuilles recouvrent le sentier qui grimpe dur dans la montagne et déjà on aperçoit les rubans rouges aux inscriptions dorées : ils indiquent le chemin à suivre jusqu’à la muraille.
Si tu entreprends de réaliser un trek sur la Grande Muraille de Chine, ces rubans seront tes guides tout au long de la journée !
9h00 – Un premier défi de taille.
Nous marchons depuis 30mn dans la forêt quand nous atteignons les remparts de la tour de guet qui marque le début de cette section sauvage. D’ici on aperçoit notre premier objectif au sommet de la montagne : il s’appelle le « Nœud », car c’est là que se rejoignent 3 sections de l’édifice. Et c’est à ce moment-là que notre excitation se mêle alors de craintes.
Devant nos yeux se dresse une portion terrifiante où les escaliers ont disparu pour laisser place à un amas de pierres instables. Ici la muraille n’a pas résisté à l’ouvrage du temps et semble avoir été absorbée par la montagne. Alors que la pente vertigineuse des deux dernières montées nous fait froid dans le dos, on comprend pourquoi le nom de cette partie avait la veille éveillé tant de terreur dans les yeux d’un passant chinois. Dès à présent nous savons le premier défi qu’il nous faudra relever : escalader avec nos sac-à-dos plusieurs dizaines de mètres d’un mur qui menace de s’écrouler.
Le Noeud ne se laissera pas facilement conquérir. Nous affrontons la première difficulté : une portion totalement écroulée où avant se tenait un escalier. Cette portion s’est effondrée récemment. On croise un habitant monté là pour quelques photos qui nous prévient d’être très prudents et nous rappelle la sombre histoire qui a coûté la vie à une jeune femme il y a 2 jours. La randonnée n’a même pas commencé que nous hésitons à arrêter.
On se lance en se disant que nous sommes bien équipés (ce qui s’est avéré ne pas être tout-à-fait vrai) et avons soigneusement préparé cette expédition. Prudemment, on décide d’avancer et de tâter la pente à… 70°. Ce n’est peut être pas très visible sur la photo, mais à notre droite la montagne tombe à pic sur plusieurs kilomètres.
On progresse dans l’ombre de la montagne, tout doucement, s’assurant de chaque main, chaque pied que nous posons. Chaque pierre peut être un piège et l’ascension demande 100% de notre attention. On ne parle pas pendant la première demi-heure de ce trek : juste de temps en temps, des regards en arrière ou en avant afin de s’assurer de notre progression mutuelle.
Prisonniers du mur, on ne peut apercevoir le paysage qu’au travers des ouvertures sculptées. On poursuit de longues minutes en silence dans ce sombre couloir centenaire quand les premiers rayons viennent chatouiller le haut de nos sacs. Nous pensons alors être arrivés mais une fois « en haut »… Nous découvrons une dernière montée.
Mieux vaut ne pas avoir le vertige...
Dans cette dernière montée le serpent de pierre s’affranchit de la pesanteur pour continuer la folle course verticale que lui impose ce sommet. Ce n’est pas notre cas. Nous veillons à rester le plus possible collés à la parois car nos sacs assez chargés à cause du bivouac nous tirent vers le vide. Impossible de prendre un cliché, nous ne sortons l’appareil que sur les brèves cassures de pente.
C’est à se demander comment faisaient ces hommes qui, il y a des siècles de ça, gardaient les remparts ou y menaient des guerres. A ce moment-là, on n’ose même pas imaginer les conditions de ceux qui on pu construire cet édifice, folle ambition impériale.
9h45 – Nous avons atteint le sommet !
Après l’ascension qui a failli nous faire rebrousser chemin, on savoure notre premier panorama avec une pause peanut butter bien méritée, mais sans trop nous éterniser : la route est encore pleine d’obstacles. Ce soir, avant le bivouac, nous devrons avoir passé la principale difficulté de la journée qui se situe à 10kms de là.
Nous continuons notre route et découvrons qu’une petite partie de la Muraille vient juste d’être restaurée, sur une centaine de mètres.
Si tu te rends ici, tu trouveras de temps en temps ces petites portions que le gouvernement a fraîchement faites reconstruire. Le but ? Mettre fin aux nombreux accidents en rendant certains points plus facilement accessibles, car ici la Muraille est trop dangereuse à parcourir dans sa totalité. Ainsi, le sol et les remparts ont été refaits et des raccourcis ont été emménagés dans la forêt afin de permettre à ceux qui voudraient l’observer de pouvoir l’atteindre en plus ou moins 1h30 de marche par les sentiers, et en évitant toutes les difficultés (une bonne alternative si tu veux fouler quelques mètres de cette section sans te mettre en danger).
Mais qui dit partie plus facilement accessible dit…
C’est écœurant, mais malheureusement pas surprenant au vu des comportements pouvant être observés dans certains pays où la conscience écologique est moins développée ou de manière plus générale, les lieux touristiques. Il est important de le rappeler : si tu envisages de te rendre sur la Grande Muraille de Chine (ou peut importe le trek que tu programmes), prévoir un petit sac pour emporter avec toi tes déchets est toujours une bonne idée.
Allez vite, on avance pour retrouver la partie non reconstruite. A partir de maintenant le programme c’est : escaliers, escaliers, solides escaliers, escaliers et même… « escaladiers ». Certains descendent de façon si raide que nous n’en distinguons pas les marches, comme s’ils conduisaient directement au vide ou plongeaient dans l’immensité du paysage. Chaque montée ou descente devient une petite victoire.
30mn plus tard – L’invention du mot « escaladiers » n’a jamais été aussi justifiée.
Face à nous, une nouvelle difficulté : un mur d’une cinquantaine de mètres de haut avec une pente à 80° où les marches d’antan semblent être parties… en poussière. Nous nous trouvons face à un nouveau dilemme : prendre un sentier contournant la montagne mais nous rallongeant l’itinéraire, ou escalader cette portion et jouir d’une vue (et d’un challenge) unique sur la muraille. Pour être honnêtes, nous hésitons de longues minutes car la partie est très technique et demande une réelle escalade : si l’ascension n’est peut être pas infranchissable en temps normal, le poids des sacs la rend très périlleuse.
On choisit de grimper, et la muraille requiert à nouveau toute notre attention.
L’ascension est à nouveau vertigineuse, plus encore que le mur que nous avions du affronter au tout début de cette journée. Elle nous prend environ une vingtaine de minutes. Peut-être plus, peut-être moins. Lorsque la concentration est extrême, le temps devient dur à estimer.
Presque arrivés, on reprend notre souffle dans un petit creux de pierre où nous pouvons nous asseoir. Nous savons que nous avons réussit, il n’y aura plus aucune difficulté pour atteindre le sommet. On retrouve celui-ci après quelques minutes de pause pour reprendre notre souffle… Avant de se le faire à nouveau couper lorsque nous apercevons la beauté du paysage qui se déroule devant nous.
12h30 – Un repos de courte durée.
À plusieurs centaines de mètres se tiennent les impressionnants « Sky Stairs« , littéralement « les escaliers célestes« . Inclinés à 80°, ils sont connus pour être parmi les escaliers les plus raides au monde, si étroits et si raides qu’ils ne se descendent que de dos, mains s’accrochant de part et d’autre de la muraille et pieds ne pouvant fouler les marches… que sur la pointe.
Nous y sommes. Et finalement les escaliers ne descendent pas, ils tombent : leur inclinaison est telle que lorsqu’on les surplombe on ne voit que le vide. Beaux et effrayants à la fois. Mais on est heureux de relever un nouveau petit défi.
Contrairement aux autres portions difficiles les pierres façonnant ces escaliers sont en meilleur état et relativement bien scellées entre elles. Cependant, l’inclinaison de la pente est susceptible de poser quelques problèmes aux personnes sujettes au vertige : toute la descente se fait de dos en tâtonnant dans le vide pour trouver les marches du bout du pied.
Une fois en bas on ne peut s’empêcher de scruter cette construction aussi remarquable que redoutable et de se dire que ces escaliers portent très bien leur nom. Vu d’ici, ils semblent monter droit au ciel.
Nous poursuivons notre route jusqu’au « point de non-retour« . Pour s’être bien documentés, nous savons qu’à partir de maintenant deux choix s’offrent à nous :
- Quitter la section en descendant par un sentier qui rejoint un village.
- Continuer. Sachant que les kilomètres à venir sont réputés comme les plus difficiles à franchir et qu’aucunne autre « issue de secours » ne sera possible.
Poussés par notre volonté de réaliser cette portion dans son intégralité sans en contourner un seul obstacle, nos jambes nous engagent sur ces nouveaux kilomètres. Avoir prévu des vivres pour deux jours nous rassure, car nous savons que peu importe les obstacles que nous rencontrerons nous pourrons prendre le temps de les franchir.
17h00 – Entre fatigue & fascination.
Les kilomètres s’égrènent. Pour le moment la difficulté n’est pas supérieure à ce que nous avons déjà traversé et si la fatigue commence à se faire sentir, elle se fait néanmoins vite oublier grâce aux tableaux que nous avons sous les yeux. Alors qu’on continue de prendre de l’altitude, on profite d’un spectacle hors du temps : les paysages se dorent des premières dernières lueurs du jour et tout en marchant, on se dit que la muraille a cette faculté fascinante de pouvoir alterner le chaos et l’harmonie… Parfois même d’offrir les deux à la fois.
Mais il se fait tard. Et avec le soleil qui tombe l’ambiance change.
Le soleil se couche mais nous n’en avons pas profité : il faut se concentrer. Nous arrivons au point où la muraille redescend cruellement dans l’ombre pour ensuite retrouver le point le plus haut de notre parcours, une tour de guet connue pour son panorama exceptionnel.
Les prochaines 60mn se feront dans la pénombre du mur et seront éprouvantes. La descente est lente car nous devons trouver le moyen de contourner des portions où la muraille tombe à pic parfois sur plusieurs mètres et ici aucun sentier n’est aménagé mais… La remontée est pire. Cela faisait quelques kilomètres que nous avions cette ultime obstacle en point de mire sans parvenir à distinguer où la muraille se frayait un passage dans la roche des montagnes. La raison est très simple et nous la découvrons à ce moment là : il n’y a plus de muraille, elle s’arrête littéralement au pied d’une paroi rocheuse.
C’est ce qu’on appelle les « remparts naturels » qui sont comptés comme partie intégrante de la Grande Muraille de Chine. Lors de la construction, les chinois on volontairement utilisé ces falaises pour certaines parties de l’édifice en se disant qu’il serait d’autant plus difficile à franchir. Il ne se sont pas vraiment trompés.
Pour le coup c’est inattendu, nous avions trouvé peu d’informations précises sur cette portion. Nous sommes au pied au mur dans tous les sens du terme : obligés de trouver un moyen d’escalader cette paroi car revenir en arrière n’est plus envisageable. La prise de photo est impossible et bien souvent les 1m65 (on ne citera pas de nom) ne suffisent pas pour atteindre les prises correctes. Au pied de la paroi, un mince tronc d’arbre est appuyé sur la roche : ce sera notre première prise. En cette fin de journée, notre sac inflige plus de poids à nos épaules et nos jambes sont lourdes de tous les kilomètres parcourus, c’est la partie la plus difficile et la plus dangereuse que nous ayons eue à franchir.
18H30 – Récompense après une journée à avoir pris plaisir à pousser nos limites physiques et mentales.
On aime le challenge sportif. On se souvient de cette sensation euphorique après les suées (chaudes et froides) dues à ce dernier obstacle. La pente est toujours raide mais on aperçoit enfin notre tour de guet, on prend plaisir à titiller une dernière fois nos limites physiques dans cette dernière ligne droite. Au bout, la porte de la plus haute tour : refuge pour la nuit et récompense d’une journée intense où nous avons pris plaisir à pousser nos limites physiques et mentales. Une dernière petite escalade de pierres entreposées, puis nous atteignons notre objectif. Bonheur, et soulagement de se retrouver là alors qu’il fait quasiment nuit !
Le bivouac s’installe, on pose la tente à même la roche en prenant soin de la bloquer au sol avec des pierres démises que nous trouvons sur la tour. Nous ne tardons pas à nous emmitoufler dans nos duvets : ce soir, c’est gros cocktail de bienvenue avec peanuts et coca à volonté, ainsi que gros remémorage d’une sensationelle journée. Les cacahuètes n’ont jamais été aussi bonnes, notre tente aussi confortable et nos duvets aussi douillets. A ce moment là on s’endort épuisés, mais plus heureux que jamais. Chaque difficulté surmontée a rendu l’expérience un peu plus belle. Bref : nous n’avons jamais été aussi heureux d’être fatigués.
JOUR 2 – Réveil au sommet et retour à la réalité
5h30 – Des frissons au réveil.
La nuit à été venteuse mais pas froide, merci aux duvets 0° degrés ! Nous nous réveillons pour un petit déjeuner avant le lever de soleil. Le plan ? Partir aux aurores juste après que les rayons aient embrasé la muraille. En atteignant ce point la veille, nous avons laissé derrière nous les principales difficultés de ce trek : aujourd’hui il nous reste 8kms avant de rejoindre la section touristique. Là-bas, nous pourrons attraper un bus pour Pékin (demain, nous partons pour le Népal) mais avant…
Lever de soleil sur la muraille : après quelques minutes d’attente, en silence, la boule de feu émerge lentement derrière les sommets aiguisés tandis que le léger voile de brume appose de jolis tons pastels à l’horizon. Lorsqu’on se tourne de l’autre côté, la muraille se réveille et on s’aperçoit du chemin parcouru la veille.
C’est grandiose. Tout simplement. Et ça valait la peine de toutes les difficultés passées ! Se réveiller sur cet ouvrage millénaire à l’origine de tant de légendes sera un de nos plus beaux souvenirs de voyage, surtout lorsque nous avons la sensation de l’avoir mérité.
Il est dur de partir mais nous sommes quand même excités à l’idée de reprendre l’aventure. À 8h00 nous nous dirigeons vers ce qui sera la majeure difficulté de la journée : la Corne de bœuf. On l’appelle ainsi à cause de la forme qu’elle dessine sur la montagne : une grande ascension qui rejoint le sommet pour ensuite prendre un virage à 180° et… redescendre à pic. Autrement dit : à cet endroit la muraille fait un détour de presque 1km et plus de 100m de dénivelé, alors qu’elle aurait pu couper tout droit… Mais c’est le jeu, la Grande Muraille de Chine aime narguer les sommets et ceux qui tente de l’escalader.
La montée est raide et rude, mais la descente n’est pas plus facile. Elle est même pire : les larges pierres sont désespérément lisses et il faut s’accrocher aux remparts pour ne pas glisser et dévaler la pente malgré nos chaussures de randonnée qui jusque là ne nous avait jamais laissées tombés ! Le poids de nos sac n’arrange rien encore une fois, mais après quelques glissades et des nouveaux marches pieds dignes d’un jeu de tour infernale, on arrive en bas.
La muraille c’est ça : un jeu d’obstacle géant, un joli parcours du combattant.
Désormais on avance beaucoup plus facilement. Peu à peu nous passons des sols de poussière à la pierre. La végétation qui s’emparait des murs s’efface pour laisser place à des remparts de plus en en plus esthétiques, d’un beige éclatant. Au fil des kilomètres, la muraille se déroule et évolue, c’est alors… comme si on remontait le temps.
12h – Nous voilà arrivés en 2018.
L’évolution est brutale et nous ne savons plus si après la jungle nous sommes de retour à la civilisation… ou si c’est la jungle que nous découvrons. Nous avons rejoint une section touristique. La séparation entre les deux parties est matérialisée par une arche de pierre qu’on a comblée il y a longtemps : il suffit de se glisser sur le côté du mur et de l’enjamber, des marche-pieds ont même été sculptés.
Ici la muraille grouille de monde. Alors que nous venons de passer 2 jours de solitude, nous faisons la queue pour descendre les escaliers ou traverser les tours et partout des vendeurs ambulants proposent à boire, à manger, des ombrelles… Pour la plupart, les filles sont en jupe et les hommes en chemise. On peut accéder à des bars et à certains endroits leur musique est poussée à fond. Des luges sur rails ont même été aménagées pour descendre la Muraille… Avec nos gros sacs sur le dos complétés par la tenue de rando que nous portons depuis 2 jours, les gens nous regardent bizarrement sans comprendre pourquoi un tel équipement. On se sent… Comme des aliens, téléportés soudainement sur une autre planète.
Il faut quand même le dire : bien que très touristique, cette partie offre de très jolis tableaux. D’une belle couleur ivoire, la muraille resplendit au milieu des paysages automnaux. Un cliché de nous deux pour immortaliser notre arrivée à la portion nouvelle, puis nous comblons péniblement les deux derniers kilomètres au milieu de la foule : après un total de 4h de marche (14h depuis le début), nous nous extirpons des murs afin de profiter d’un dernier temps de pause… et de retrouver Pékin.
La « Muraille originelle »… sur une section touristique ?
Nous avons croisé là-bas une famille qui nous avait demandé si c’était « encore loin ». Sans trop comprendre leur question on avait répondu que cela dépendait d’où ils voulaient aller… La réponse leur paraissait évidente : « Et bien, jusqu’à la partie originelle ! ».
→ Nous avons été surpris d’apprendre que lorsqu’on montait depuis ce côté touristique, il était dit qu’on pouvait atteindre la « Muraille originelle » à l’extrémité ouest de la section. Nous avons réalisé qu’il s’agissait de l’endroit par lequel nous étions passés quelques minutes plus tôt : là où une dame âgée tenait un stand d’eau, devant un grand arbre où les visiteurs suspendent des rubans rouges, à côté d’une plaque mentionnant la date de construction. Même si cet endroit est moins flambant neuf que le reste de la section, il reste en réalité le mieux entretenu de tous ceux que nous avons traversés. Néanmoins, on ne peut lui enlever qu’il est l’endroit le plus proche (géographiquement parlant) des parties non-rénovées et il est parfait pour ceux qui veulent s’en rapprocher ainsi que bénéficier d’un joli point de vue sans s’engager dans une telle aventure.
Pour te donner une petite idée du contraste que nous avons vécu, voici notre porte d’entrée (0€), comparée à celle de notre porte de sortie (6€ + 10€ de téléphérique selon le point d’accès).
POUR CONCLURE
Lorsque nous avions planifié notre voyage la Chine n’était qu’une escale afin d’attraper notre précieux vol pour le Népal. Mais comment passer par ce pays sans aller voir de nos propres yeux cet édifice renversant ayant donné naissance à tant de légendes et d’histoires ? Très vite, nos recherches personnelles nous ont orientés vers ses sections confidentielles. Alors nous sommes partis à la découverte de ces tronçons profondément sauvages et… Ça été une des meilleures idées de notre vie !
Au fil des pierres, nous avons traversé les siècles d’histoire sur des murs dénués d’ornement et dans la plus grande solitude. Si notre dernière vision de la muraille a été celle des rempart resplendissants, dans notre cœur et notre esprit c’est celle de pierres millénaires qui flotte doucement alors que nous repensons à l’aventure.
Merci d’avoir voyagé avec nous à travers ce récit d’aventures.
Nous espérons qu’il t’a plu. Si tu souhaites toi aussi découvrir les sections sauvages non-restaurées de la Grande Muraille de Chine, n’hésite pas à consulter l’article pratique « Conseils & bonnes pratiques pour explorer les sections sauvages ». Bien que ce fut une de nos aventures les plus intenses tant d’un point de vue sportif que du côté des paysages rencontrés, elle a également été l’une des plus périlleuses : prends le temps de bien te préparer avant de te lancer, on ne voudrait pas qu’il t’arrive quelque chose de mauvais à cause de cette aventure !
Tu as aimé passer ce moment avec nous ? Tu as peut-être des questions ? Fais-nous part de tes remarques et questions en commentaire, nous répondons toujours.
Waouh, c’est très impressionnant ! Je rêve de voir la Muraille de Chine, mais uniquement dans les parties qui sont accessibles. Certains endroits à escalader sont vraiment étonnants, je ne serai pas capable de faire ce que vous avez fait.
Eh bien qu’elle aventure et quel article pour la vivre à notre tour. Bravo !
Merci pour ton retour, ces 2 jours sur la muraille furent vraiment vraiment intenses !
Bonjour.
Merci pour votre récit. Je ne voyage pas, mais en vous lisant j’ai été transporté avec vous. Je suis tombé par hasard sur votre récit. C’est magnifiquement raconté. Bravo à vous pour votre plume et votre audace.
Vous m’avez donné envie. Si je devais allé voire cet édifice millénaire j’aurais moi aussi envie de conquérir ces parties sauvages non restaurée pour vivre cette immersion solitaire et silencieuse que vous nous avez raconté.
Encore un grand merci à vous.
Samuel
Bonjour Samuel, merci beaucoup pour ton message qu’on découvre à l’instant et qui nous fait très plaisir !
Découvrir la Muraille sous cet angle et de cette façon a été incroyable. Une expérience qui restera solidement ancrée dans notre mémoire.
Comment es-tu tombé sur ce récit du coup ? 🙂
Merci à toi,
Delphine et Max.
BONJOUR!
C’est Époustouflant et Extraordinaire votre trek au muraille de chine … un grand merci pour se récit du voyage.
Vous m’avez emporté, à travers vos parcours et d’escalades dangereux .
Les photos sont magnifiques…
merci merci mille fois …
PS: je voulais faire le trek au muraille de chine avec ma fille …Je suis rester sans voix en regardant vos images… merci!
Hey
Merci énormément pour ce commentaire Marie, c’était une expérience aussi belle que périlleuse 🙂
Ces parties sauvages donnent vraiment une autre dimension à cet édifice fascinant.
Wow ça fait vraiment rêver !!! Je rêve de faire la Chine et ses plus belles randonnées, je peux vous dire que je viens de rajouter la votre avec impatient !
Ah c’est une sacrée expérience tu ne vas pas être déçue ! Attention quand même au risque réel de cette rando, bien se renseigner avant de s’engager.
Bonjour,
Merci pour ce recit tres interessant, je cherche egalement a faire un trek sur la muraille mais je ne sais pas comment trouver mon chemin car j’ai trouve que tres peu d’infos. Pourriez vous partager votre itineraire, de ou vous etes partis, comment vous avez trouve la muraille…
Merci par avance
Bonjour Anais
Il faut fouiller sur beaucoup d’article en Anglais, l’aventure commence dès les recherches 🙂
La section la plus Dangereuse est Jiankou qui rejoint Mutianyu.
Bon courage pour cette belle expérience.