*BASED ON TRUE STORIES | Vianney, Chine.

En plein confinement,
la série qui se tourne vers les autres.

Il est compliqué d’avoir des informations sur la situation en Chine. Même pour les journalistes, même pour le gouvernement français, même pour l’Organisation Mondiale de la Santé… Même pour la population chinoise. Le Parti Communiste Chinois contrôle et filtre précautionneusement les informations concernant son pays, ce n’est pas nouveau.

Pour ce témoignage un peu spécial puisqu’il nous provient du premier foyer de la pandémie, ce sera Vianney qui nous fera voyager. Ce français de 31 ans était jusqu’à maintenant designer automobile en Chine, depuis 3 ans. Il habite au 6ème étage d’un grand immeuble dans la banlieue de Pékin. En mars, son bout d’histoire en Chine devait prendre fin pour retourner vivre en France. C’était sans compter le coronavirus : désormais sans travail et après avoir vendu son appartement, il se retrouve bloqué au sein du pays à l’origine d’une des plus grandes crises sanitaires de l’Histoire.

Ce que tu trouveras dans cet article :
Le témoignage de Vianney, qui nous emmène le temps d’un article dans son pays, la Chine.
→ La façon dont nous l’avons rencontré.

Les liens vers les autres témoignages de la série « *Based on true stories », lorsque chaque jour ou presque ceux-ci paraîtront :
> Pavel, Russie | Asanka, Sri Lanka | Tseegii & Zaya, Mongolie | Geoffrey, Japon | Biplav & Dipesh, Népal | Yana & Maxime, Corée du Sud.


« Le bon côté des choses, c’est que la pollution a énormément baissé ici. C’est agréable de profiter des beaux jours qui arrivent, du grand soleil, du grand ciel bleu. Pour une fois je peux voir les montagnes au loin depuis ma fenêtre et ça me met le sourire aux lèvres ! »

Là où
tout a commencé.

Vianney nous a hébergés avant que nous ne partions pour notre trek en solitaire sur les parties non-restaurées de la Grande Muraille de Chine. Et ils nous a hébergés aussi après ! Il a été ce point d’ancrage, ce refuge au milieu du tourbillon de Pékin. On se souviendra toujours à quel point être accueillis chez lui avait été un bonheur, alors que nous avions eu du mal à nous acclimater à cette ville – ce pays – si particuliers (on venait alors de Mongolie, le choc a été un peu brutal).

Vianney et sa copine nous avaient offert un lit (un vrai lit, ça faisait longtemps que nous n’en avions pas eu à ce moment là). Et ils nous avaient surtout offert un peu de temps. On avait adoré les écouter nous parler de leur expérience d’expatriés et en apprendre davantage sur ce pays dont les codes nous étaient étrangers.

A ce moment-là la population en Chine portait déjà des masques. Mais pas contre un virus, contre la pollution. Le ciel au-dessus de la ville était trouble, d’un gris opaque. On avait découvert chez Vianney les purificateurs d’air, puis on les avait remarqués partout. On avait découvert les applications qui remplaçaient la météo : au lieu de regarder le temps avant de sortir, Vianney nous disait qu’il consultait l’indice de pollution. Il savait de cette façon s’il pouvait se déplacer en courant, à vélo… Ou s’il devait mettre un masque et prendre le métro.

expatrié en Chine

TU ES BIEN INSTALLÉ ?
ON TE LAISSE MAINTENANT AVEC VIANNEY.

 Quelle est la situation en Chine ?

« La situation en Chine n’est pas aussi dramatique qu’elle puisse paraître… Selon les services de propagande du Parti Communiste Chinois en tout cas ! On ne va pas se mentir, 3000 décès en Chine, c’est un constat un peu maigre étant donné la gravité de la situation. »

 Quelles mesures ont été mises en place jusqu’à maintenant ?

« Alors, il faut se dire que de notre côté on vit cette situation depuis début janvier… Désolé si j’oublie des choses ! Déjà, contrairement à la France, il n’y a pas réellement eu de ‘confinement’, à part pendant 3 semaines lors du Nouvel An chinois. Il y a quelques villes dans le Hubei qui, comme Wuhan, ont été mises en quarantaine pour éviter la propagation du virus, mais autrement pas de mesures ‘extrêmes’ dans les villes.

Cela dit, Beijing a été gérée d’une façon un peu différente à cause de son statut de capitale politique / vitrine internationale / gros hub pour les transports aériens : le gouvernement local ne pouvait pas se permettre que ça parte en couille ! Donc il y a des mesures qui ont évolué localement et qui continuent d’évoluer:

  • fermeture des écoles jusqu’à nouvel ordre (elles devraient ouvrir à nouveau vers fin avril),
  • limite du nombre de personnes autorisées dans les restaurants (chose qui évolue plus ou moins selon les cas particuliers et éventuels incidents),
  • quarantaine imposée à toute personne revenant à Beijing après le Nouvel An Chinois (d’abord à domicile avec plus ou moins de rigueur et de contrôle, puis imposée et payante à l’hôtel, encadrée par la police).

À part ça, les mesures étaient simples : restez chez vous autant que possible, si vous devez sortir protégez-vous, port du masque obligatoire (encore maintenant) et surtout lavez-vous les mains, aérez régulièrement domiciles et bureaux et désinfectez tout autant que possible. Du côté de l’Ambassade de France à Beijing, ils ont vraiment bien géré le truc et ils continuent de le faire. Ils nous ont tenus informés de façon régulière via WeChat et des newsletters de l’évolution de la situation. Ils ont mis en place un numéro d’urgence à joindre, une plate-forme de télé-consultation et ils ont collaboré avec le gouvernement local pour faire expatrier les Français coincés à Wuhan. Ils continuent leurs démarches encore aujourd’hui en organisant l’envoi de masques vers la France. »

habitant de Pékin

 Qu’est-ce que ça a changé dans ton quotidien ?

« Concrètement au quotidien, ça ne change pas grand chose… Enfin, à part le fait que je me retrouve coincé à Beijing après avoir quitté mon emploi, n’ayant plus d’avions pour pouvoir rentrer en France avant un petit moment ! Mais ce n’est pas si dramatique que ça, ça me permet de faire des choses que je n’ai pas pris le temps de faire avant (portfolio, recherche d’emploi, revente des affaires que j’ai accumulé pendant 3 ans à Beijing, etc.). En attendant, je peux toujours me déplacer librement (et sans attestation).

Les services de livraisons, que ce soit pour du postal, des courses ou de la nourriture, ont tourné un peu au ralenti à cause de la hausse des demandes et du faible nombre de livreurs (pour la simple raison que beaucoup ne sont pas encore revenus à Beijing après le Nouvel-An Chinois, à cause des mesures citées). Mais ça revient doucement à la normale. Beaucoup de restaurants sont encore fermés, non pas pour des raisons d’hygiène comme on pourrait le croire mais tout simplement parce que leurs employés (tout comme les livreurs et autres emplois) ne sont toujours pas revenus à Beijing.

Les communautés résidentielles sont ‘fermées’ aux visiteurs. Seuls les résidents et quelques commerçants peuvent y accéder, le tout avec un contrôle (prise de température et badge d’accès, plus pièce d’identité). Ces contrôles sont plus ou moins stricts selon les résidences et l’heure. Je me suis déjà retrouvé emmerdé une après-midi parce que j’avais oublié mon badge à l’appartement. Lorsque je suis repassé à 3/4h du matin, personne n’était là pour contrôler quoi que ce soit.

Nous vivons ça depuis trois mois maintenant. Aujourd’hui la situation va mieux (apparemment…) donc il y a du relâchement et ça se sent, les gens attendent de pouvoir profiter pleinement à nouveau. Le bon côté des choses, c’est que la pollution a énormément baissé ici. C’est agréable de profiter des beaux jours qui arrivent, du grand soleil, du grand ciel bleu. Pour une fois je peux voir les montagnes au loin depuis ma fenêtre et ça me met le sourire aux lèvres ! »

pollution sur Pékin

 Comment la population vit-elle la situation ? Les gens respectent-ils les consignes ?

« Ça a été plus ou moins bien vécu ici… Il y a d’abord eu une espèce de panique/paranoïa générale, puis un ras-le-bol des citoyens chinois envers le gouvernement qui (encore une fois) a géré ça à sa manière (réaction tardive, étouffant l’affaire pour donner l’impression qu’ils gèrent la situation, etc.). Cela dit, les chinois étant assez ‘soumis’ à leur gouvernement – et surtout ayant déjà eu à faire à ce genre de situation auparavant (SARS, MERS) – tout le monde a appliqué les mesures mises en places par le gouvernement central et local. Les communautés de membres du Parti Communiste Chinois de chaque quartier se sont toutes activées pour être sûres que ce soit le cas et ça a plutôt bien fonctionné ! »

 Comment envisages-tu la suite ? Est-ce que tout ça te fait peur ?

« La situation continue d’évoluer. Le challenge maintenant c’est de faire en sorte que la situation reste stable et d’éviter les nouvelles contaminations à cause de cas importés de l’étranger (en majorité par des citoyens Chinois ayant fui la pandémie qui reviendraient maintenant au pays). Le plus difficile c’est surtout d’être coincé à Beijing, de ne pas vraiment avoir la liberté de quitter la ville (voir même le pays…). Mais je ne m’inquiète pas particulièrement pour moi.

Ce qui me fait peur c’est de ne pas pouvoir être là pour ma famille, de ne pas être en mesure de pouvoir faire grand chose pour les aider dans l’immédiat. Ce qui me fait peur, c’est l’inconscience de beaucoup de gens en France : c’est pourtant pas compliqué de comprendre qu’il faut rester chez soit, pour sa propre santé, celle de ses proches mais aussi celle des autres. Ce qui me fait peur, c’est les gens qui ne prennent pas ça au sérieux ou qui n’ont pas conscience de la gravité de la situation. Ce qui me fait peur, c’est le manque de gestion et de responsabilité du gouvernement Français qui fait qu’on en est là aujourd’hui.

Pour la suite, j’espère avoir un avion pour rentrer en France le mois prochain… Puis, advienne que pourra ! »

temple à Pékin

Ecouter, apprendre, partager, relativiser.
S’évader.

Ce témoignage appartient à Vianney et à lui seul, il ne saurait être jugé. Pour chaque personne dans le monde et pour chaque pays la situation est différente. Il ne s’agit pas ici d’imposer des idées mais de partager des opinions, des réalités et des façons de penser.

Dans une période où nous nous retrouvons tous face à nous-même cette série est faite pour s’ouvrir aux autres : écouter, apprendre, partager, relativiser… et s’ouvrir l’esprit. Finalement, faire ce dont le voyage nous offre l’opportunité : s’évader tout en s’enrichissant les uns des autres.


Et la suite ?

La suite se passe en Corée du Sud, au Népal, au Japon, au Sri Lanka, en Mongolie, au Vietnam, en Russie. Chaque jour ou presque, un nouveau témoignage paraîtra ici, sur « *Based on true stories« .

En attendant demain, tu peux t’évader avec les autres histoires que nous avons à te raconter.

N’hésite pas à nous partager ton ressentis, ta propre situation, tes pensées, tes questions en commentaire de cet article. Nous répondons toujours, et nous pouvons même poser tes questions à Vianney.

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